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POURQUOI NOUS N'AVONS PAS VU PASSER LE TEMPS DURANT LE CONFINEMENT


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Nous sommes nombreux à nous dire mais c'est incroyable, nous sommes déjà au mois de juin, je n'ai pas vu passer le temps.

Le Laboratoire Synphonat nous donne une explication :

Pendant le confinement, nous étions confinés à la fois dans le temps et dans l’espace. Nous perdions nos marques, nous confondions les jours. Comme le disait Etienne Klein sur France culture le lundi 13 avril[i], « Quand notre regard est borné, notre rapport au futur est modifié. Pour voir loin dans le temps, il me semble qu’il faut voir loin dans l’espace ». Ce lien très étroit entre temps et espace est ainsi rappelé par cette période de confinement. Il s’avère que ce lien est anatomiquement ancré dans notre cerveau le plus ancien, le striatum, qui est la zone de contrôle du mouvement. En effet, selon une étude récente de l’INSERM, la mise en place d’une routine de déplacement serait le support de notre capacité à évaluer le temps qui passe.

Ainsi, comme nous le rappellerons en préambule, non seulement l’activité physique est un régulateur des rythmes biologiques grâce à l’existence d’horloges moléculaires dans nos cellules sensibles à l’état énergétique, mais elle apparaît donc aussi comme un élément majeur de notre acuité temporelle qui nous aide à rythmer nos journées. Ces deux mécanismes peuvent être regardés comme les fondements  des bénéfices de l’Activité de la Vie Quotidienne (AVQ) promue par le Pr. Chantal Simon qui rappelle que : «Une meilleure compréhension de nombreux problèmes de santé modernes émergera lorsque nous prendrons en compte le fait que la plus grande part de l’évolution humaine a eu lieu alors que nos ancêtres étaient des chasseurs-cueilleurs »

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[i] https://www.franceculture.fr/emissions/la-question-du-jour/quest-ce-que-le-confinement-nous-apprend-sur-notre-rapport-a-lespace-temps

 
 

Ces horloges qui nous gouvernent

Les processus physiologiques sont rythmés grâce à une horloge moléculaire présente au sein de chacune de nos cellules. Ces rythmes, dits circadiens, sont chaque jour resynchronisés grâce à la lumière qui module l’activité de notre horloge centrale. Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’horloge centrale, située dans les noyaux suprachiasmatiques de l’hypothalamus, n’impose pas un rythme à l’ensemble des processus physiologiques mais coordonne les horloges cellulaires périphériques autonomes présentes dans tous les organes, en particulier ceux impliqués dans la régulation métabolique tels que le foie, le pancréas, le tissu adipeux ou le muscle squelettique. Ces rythmes cellulaires procurent un avantage évolutif en anticipant les événements prédictibles : prise de nourriture, périodes de jeûne (sommeil),  mais aussi en séparant dans le temps des processus physiologiques qui s’opposent : stockage ou libération de substrats énergétiques (par exemple : lipogenèse vs oxydation des acides gras).

 

Ces horloges périphériques, parfaitement cadencées et étroitement régulées même en l’absence de sitmuli extérieur (lumière) et sensibles au statut énergétique de la cellule, régulent en retour de  nombreuses voies métaboliques. De fait, elles peuvent être perturbées par des facteurs environnementaux tels que la prise de nourriture en dehors des heures habituelles (la nuit) ou des régimes riches en gras et pire riches en gras et pris la nuit.

 

La pression sociétale et économique (travail de nuit, en 3 × 8) et les progrès technologiques (lumière artificielle, multiplication d’écrans et autres tablettes) perturbent quant à eux, notre horloge interne, et donc la resynchronisation des horloges périphériques, non sans conséquences sur notre santé et plus particulièrement sur notre santé cardio-métabolique (obésité, un diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires).

 

Enfin, selon une étude récente, à défaut de dérégler nos horloges biologiques, l’absence de mouvement (sédentarité) pourrait non seulement perturber l’équilibre métabolique mais également réduire notre capacité à évaluer le temps qui passe. 

 

Source : Hélène Duez, Yasmine Sebti, Bart Staels (2013) Horloges circadiennes et métabolisme : intégration des signaux métaboliques et environnementaux. Médecine et sciences 2013;29:772-777

 

 

 

 
 

 

 

Comment le mouvement et la mise en place de routines de déplacement nous donnent la notion du temps qui passe ? [i]

 

Selon des travaux tout récents de l’INSERM, chez l’homme, comme chez l’animal, notre acuité temporelle ne dépendrait pas de nos horloges internes mais du mouvement, de l’activité physique. Ainsi, la période de confinement que nous avons dû respecter pendant deux mois, en diminuant nos mouvements, a pu participer à des difficultés d’appréciation du temps qui passe.

 

Cette hypothèse, soutenue par David Robbe, chercheur à l’institut de neurobiologie de l’INSERM de Marseille est étayée par une étude réalisée chez le rat. Une récompense, apportée à l’animal sur un tapis roulant à intervalles parfaitement fixes de 7 secondes, l’incite à mettre en place une routine de déplacement qui lui permet d’arriver au bon moment pour prendre la friandise. Il acquiert ainsi avec l’entrainement une certaine notion du temps. Or, les neurones qui contribuent à cet apprentissage se nichent dans la formation la plus ancienne du cerveau, le striatum, qui est aussi la zone de contrôle du mouvement. Cette zone est détruite dans la maladie de Parkinson. On observe, d’ailleurs, une perte de la notion de temps chez les patients qui en sont atteints.

 

La notion de temps ne dépendrait donc pas d’une horloge interne qui aurait permis au rat de connaitre la durée exacte entre 2 récompenses mais d’un apprentissage d’une routine basée sur l’activité physique. L’animal doit donc acquérir un enchaînement moteur, fonction de son environnement, pour adapter ses gestes.

 

Par ailleurs,  l’apprentissage de cette routine physique pour évaluer le temps ne serait-elle pas aussi un moyen de renforcer les capacités d’anticipation des événements prédictibles (périodes de jeûne et prise de nourriture) permis par les rythmes biologiques endogènes décrits plus haut ? Ce qui serait un élément explicatif du rôle régulateur de l’activité physique sur l’appétit et la prise de nourriture.

 

Dans cette expérience, le rat est stimulé par la récompense de nourriture. Cette capacité à évaluer le temps serait-elle équivalente avec d’autres éléments motivationnels ? Ce n’est pas exclu dans la mesure où la région du striatum est non seulement la région du contrôle du mouvement mais également le centre des 5 grands renforcements motivationnels : recherche de nourriture, chercher à se reproduire, recherche d’un statut social, recherche d’informations dans l’environnement, recherche de rentabilité énergétique en minimisant les efforts.

 

L’homme met également en place des routines qui permettent de rythmer ses journées et c’est bien ce qui était fortement conseillé aux télétravailleurs pendant le confinement. L’objectif était de mieux rythmer les journées sans savoir que ces routines jouent aussi un rôle important dans l’évaluation du temps qui passe. Selon l’auteur de cette étude, en situation d’immobilité, l’existence de micromouvements réguliers non perceptibles et inconscients comme des contractions musculaires en position assise prolongée pour mieux évaluer la notion de temps est possible.

 

On peut donc conclure qu’en s’intégrant à notre vie quotidienne, ces micromouvements, ces routines physiques, résultats des processus adaptatifs mis en place au cours de l’évolution, sont des régulateurs majeurs de notre état de santé. Leurs bienfaits, outre, de permettre de rythmer et d’évaluer le temps qui passe, tiennent aussi dans leur efficacité pour se maintenir en bonne santé cardio-métabolique. A ce titre, les travaux du Pr Chantal Simon, sur l’intérêt et l’efficacité de la remise en place de l’activité de la Vie Quotidienne, bien plus que de l’activité physique de loisir, prend tout son sens.   



[i] M. Safaie et coll., Turning the body into a clock: Accurate timing is facilitated by simple stereotyped interactions with the environment, PNAS, 2020 Jun 9;117(23):13084-13093 (Science INSERM 08.06.2020)

 

 

 

Promouvoir l'activité de vie quotidienne, 90% de notre activité éveillée ![i]

 

Aujourd’hui, l’activité physique quotidienne représente à peine 65% de celle de l’homme de l’âge de pierre chez qui elle faisait partie intégrante du quotidien. Elle était, en effet, le seul moyen d’accéder à la nourriture à travers la chasse et la cueillette. Ainsi, il est aujourd’hui admis que l’activité physique de l’homme moderne est en dessous du niveau pour lequel notre biologie a été programmée au cours de l’évolution et que ceci contribue à l’augmentation récente des principales maladies chroniques, telles que l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires ou encore certains cancers.

 

Le confinement, le télétravail ont pu participer aux méfaits connus de la station assise prolongée en milieu professionnel, multipliant par deux le risque cardiovasculaire par rapport aux activités en station debout ou avec déambulation, mais aussi à la sédentarité des enfants et des adolescents contribuant au surpoids et à l’obésité. Les chiffres ne sont pas encore connus mais il est probable que la sortie autorisée d’une heure par jour ne permettait pas de compenser correctement l’inactivité par ailleurs. En effet, les travaux de Chantal Simon montrent que de petites activités rangées sous le nom d’activité de la vie quotidienne (AVQ) sont suffisantes pour remettre un peu d’ordre dans nos horloges biologiques.

 

Sachant que 5% seulement de la population suit les recommandations de 30mn par jour ou 150mn par semaine d’activité physique modérée à intense, Chantal Simon s’est attachée à promouvoir préférentiellement les AVQ qui se révèlent plus faciles à mettre en œuvre chez les personnes sédentaires que l’exercice structuré et qui correspondent finalement davantage à celle de nos ancêtres. En effet, bien que d’intensité faible, les AVQ contribuent à la majeure partie de notre dépense énergétique liée à l’activité physique (plus de 90%) alors que l’exercice ne représente en moyenne que 3% du temps passé éveillé. Les résultats des études du Pr. Simon sont très révélateurs :

  • Dans une cohorte de près de 9000 sujets Français et Irlandais âgés de 50 à 59 ans (étude PRIME), le seul fait d’aller à pied ou à vélo au travail était associé, indépendamment de la pratique d’activités physiques de loisirs, à une moindre prise de poids au cours des 5 ans de suivi.
  • Le temps passé assis était associé de façon transversale, indépendamment de la qualité de l’alimentation et de l’activité physique de loisirs, au risque de syndrome métabolique dans une population de 3000 adultes Français (Etude MONA-LISANUT).
  • Le seul fait d’avoir une télévision dans la chambre était lié au risque d’obésité chez l’enfant.
  • A l’inverse, Chantal Simon a montré que les effets d’un alitement prolongé, comme modèle d’inactivité extrême, n’était pas contrecarré par la réalisation d’un exercice structuré.
  • Par ailleurs, il semble que des contractions musculaires répétées soient nécessaires et efficaces, indépendamment de la dépense énergétique, pour contrer les effets métaboliques néfastes de l’inactivité.
  • D’autres auteurs ont montré que le fractionnement de la station assise (par des épisodes de déambulation de 2 minutes toutes les 20 minutes) supprimait l’effet délétère de celle-ci sur la tolérance au glucose.

 

CONCLUSION

 

A l’origine, Homo sapiens  était nomade. La sédentarisation, s'est caractérisée chez les humains, il y a environ 10 000 ans (au Néolithique), par une diminution progressive de l'importance de la chasse, de la cueillette et de la pêche au profit de la production de nourriture par l'agriculture et l'élevage. Aujourd’hui, la sédentarité, est un mode de vie caractérisé par une fréquence faible, voire nulle, de déplacements. Or dans nos gènes, le nomadisme est toujours inscrit. Il donne le rythme, celui des journées, des alternances de périodes d’activité et de repos (jour/nuit) et même des saisons, fonction des activités de la vie quotidienne. En cela, le mouvement, les déplacements régulent les processus physiologiques qui nous maintiennent en bonne santé. Les travaux décrits ici nous révèlent que, non seulement ils sont plus faciles à mettre en œuvre qu’une activité physique de loisir, mais que leurs effets bénéfiques vont bien au-delà d’une meilleure forme physique en nous ancrant dans notre espace/temps.


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